Pour une solidarité intergénérationnelle
Les sujets anxiogènes ne manquent pas : dérèglements climatiques, exacerbations des nationalismes, montée des religions liberticides, guerre en Europe, pouvoir d’achat en berne et en point d’orgue pour l’hexagone une attaque brutale sur les retraites.
Notre société s’est fracturée au rythme de ces agressions. Que reste-t-il de l’esprit « Charlie » qui avait soudé notre pays autour des principes de Voltaire et d’Hugo ? Que sont devenus ces manifestants qui embrassaient des policiers lors de la manifestation à République ?
Un siècle s’est-il écoulé ? Non simplement huit années au cours desquelles s’est propagé le mouvement des gilets jaunes, des stylos rouges, les files d’étudiants n’ayant plus les moyens d’accéder à une alimentation journalière.
Notre société est rongée par la violence, notamment celle gratuite des mineurs, celle faite aux
femmes (le chiffre des féminicides explose) des règlements de comptes dans les quartiers à coup de kalachnikov.
Aujourd’hui certains doivent choisir entre manger er se chauffer, est-ce le vivre ensemble que nous voulons transmettre à la jeune génération ? Est-ce que nous devons avancer les uns contre les autres au lieu de marcher côte à côte ?
Je m’interroge sur le rejet de la société à notre égard. J’ai gardé en mémoire l’extrême violence des manifestations, des blessés graves de part et d’autre, de la guérilla urbaine menée par les blacks blocks.
Je me souviens en parallèle de la police que j’ai pratiquée ; nous étions reconnus et nous étions partie prenante de la société et non mis au ban de celle-ci.
Certes, les temps ont changés, la « police à papa » est moquée, ridiculisée mais nous avions su entretenir des liens avec la population. La police de proximité qui aujourd’hui fait cruellement défaut était une réalité ;
Le ver était dans le fruit quand la politique du chiffre a été instaurée. L’argent régnant en maître a fait exploser les relations de camaraderie. Une affaire de trafic de stupéfiants devenait trop chronophage alors qu’il suffisait de faire passer la brigade devant le lycée local pour faire autant de garde à vue avec des petits consommateurs. La qualité du travail a été dévalorisée, le but même de notre métier « le maintien de la paix publique » est passé à la trappe contre quelques euros. Mais qui pense encore aux victimes ? Au temps qu’il faut leur consacrer, au soutien qu’il faut leur apporter ? Circuler il n’y a rien à voir !
Le maintien de l’ordre est un métier spécifique qui s’apprend et ne peut-être le fit de BAC qu’on lâche dans un environnement hostile. Leur terrain d’action est la cité pas la manifestation.
Poser la question du niveau du recrutement n’est pas cracher dans la soupe mais peut expliquer la réaction de certains dans des situations de stress intense.

Oui, avec les départs en retraite non remplacés tout devient difficile. Nous sommes situés à un emplacement névralgique pour assister à la déliquescence de notre société. N’attendons pas que le désespoir emplisse les cœurs pour agir, il sera trop tard .
Il n’empêche, nous, les retraités, appelons de toutes nos forces à la solidarité avec les actifs. Oui nous savons que le métier a changé mais nous voulons rester lucides. Nous le défendons avec acharnement mais il est de notre devoir de pointer du doigt
les dysfonctionnements, il en va de notre honneur.
Les actifs ne sont pas solidaires des retraités trop souvent considérés comme des nantis. Mais nous serons de toutes les manifestations pour vous soutenir sans rien attendre pour nous, sans nous cacher derrière tel ou tel syndicat. Nous marcherons au côté de l’intersyndicale Police pour vous, pour le respect qui est dû à ceux qui font un métier aussi pénible, difficile.
Ce geste gratuit à un nom mes chers collègues, c’est la solidarité.

Adhérente à l’UNRP
Membre de l’UNRP AQUITAINE
Elisabeth CHENA -BASANTA